AINSI S'ETEIGNENT LES ESPECES (GEO 139, SEPTEMBRE 1990)



Ainsi s'éteignent les espèces, tiré de GEO 139, de septembre 1990

Ainsi s'éteignent les espèces

Magazine GEO N°139, septembre 1990


Tyrannosaure animé de Nice
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Partout les curieux ont afflué pour admirer (ci-dessus à Nice) les dinosaures animés qui arriveront en novembre à Paris. Derrière le succès commercial des animaux préhistoriques, il y a une fantastique course scientifique mondial. Des savant américains (ci-dessous Walter Alvarez fouillant les falaises de Gubbio en Italie) ont imaginé il y a dix ans qu'une chute de météorite aurait provoqué un brutal refroidissement du climat sur la Terre, et la disparition des espèces. A la lumière de leur hypothèse, des milliers de chercheurs se mobilisent pour expliquer les autres extinctions massives par les volcans, les comètes ou le retrait des mers. Mais aujourd'hui, c'est bien l'homme le pire ennemi de la vie sur Terre : son extinction est, elle aussi, prévisible.

Walter Alvarez fouillant les falaises de Gubbio en Italie
Walter Alvarez fouillant les falaises de Gubbio en Italie.jpg

En France, au parc Phoenix de Nice, tout près de l'aéroport, des techniciens vont bientôt démonter la queue et le long cou du brontosaure qui sourit, ingénu, aux enfants espiègles. Puis ils vont replier sur lui-même le tyrannosaure qui se cabre, gronde et roule des yeux sous le fracas des jumbo-jets. Le troupeau de dinosaures préfabriqués, animés et sonorisés par la firme américaine Dinamation gagnera ensuite Paris en camion pour divertir et instruire au mois de novembre les visiteurs du palais de la Découverte. Et, encore, des centaines de milliers de curieux s'interrogeront : « Pourquoi ces monstres anté-diluviens ont-ils disparu de la planète ? » Et, encore, la plus belle explication sera qu'ils sont morts noyés « parce qu'ils étaient trop gros pour entrer dans l'arche de Noé »...
Trop gros ? Trop lents ? Trop bêtes ? Trop frileux ? D'aucuns ont dit qu'ils avaient succombé à la bronchite, à la diarrhée infectieuse; d'autres, à la constipation. Ne cassaient-ils pas leurs oeufs en les pondant de trop haut ? Ou bien des mammifères goulus dévoraient-ils leurs couvées ? Toujours est-il que, voilà environ soixante-cinq millions d'années, ils cessent brutalement d'enrichir les couches géologiques après un règne de cent quarante millions d'années. Au parc Phoenix de Nice, le 8 septembre 1990, paléontologues et géophysiciens débattront de nouveau des crises ou des cataclysmes qui pourraient expliquer le mystère de la disparition des grands animaux préhistoriques.

Sur la montagne de la Sainte-Victoire, tout près d'Aix-en-Provence, il est aisé d'oublier la fièvre des savants. Il y a un siècle, Cézanne y peignait la pinède enchantée. Aujourd'hui, les cigales se sont tues. Les forestiers arrachent les troncs calcinés par les incendies d'été. A nos pieds, une furieuse érosion emporte à chaque ondée les coquilles du plus grand gisement mondial d'ceufs de dinosaures. Nadine Gomez, la géologue qui nous guide, a des yeux de lynx pour les repérer, des doigts de fée pour les réparer. Il y en a « des centaines de milliers, peut-être des millions », pour la plupart brisés après l'éclosion. Ici, juste avant l'extinction massive, il y a soixante-cinq à soixante-dix millions d'années, combien de générations de mères Hypselosaurus priscus ont-elles confié leur progéniture à la chaleur du soleil et de la terre ? Dans ce delta régulièrement inondé, où la montagne de la Sainte-Victoire formait une île, des reptiles de plus de 10 mètres et pesant plusieurs tonnes se nourrissaient de plantes des marais, s'accouplaient et abandonnaient sans soins le fruit de leurs entrailles.

Six cents millions d'années sur le calendrier des disparus
Calendrier des disparus
Calendrier des disparus
Parmi les millions d'espèces ayant vécu sur terre, 99% sont aujourd'hui éteintes. Souvent, elles ont disparu sous la pression de concurrentes mieux adaptées ou suite à la lente dégradation de leur environnement. D'autres semblent avoir été victimes d'extinctions massives dues à des événements brutaux. Telle est du moins la théorie de Jack Sepkovski et David Raup, paléontologues à l'université de Chicago, qui ont fourni la matière de ce « calendrier des catastrophes ». Les traits rouges verticaux figurent, selon eux, les principaux événements. Ils sont dus, soit aux bouleversements des océans et des continents, soit à des chutes d'objets extraterrestres, soit à des modifications climatiques plus graduelles. Ce schéma rassemblant les données de toute la planète ne rend pas bien compte des disparitions régionales d'espèces inféodées à des petits territoires. On a parfois reproché à Raup et Sepkovski d'avoir accentué le « bruit » de certaines extinctions en groupant les statistiques par familles (dont les espèces auraient disparues graduellement) et en concentrant arbitrairement leurs dates d'extinction en fonction des seules dates et couches géologiques connues.

Les bandes de couleur horizontales représentent les groupes sélectionnés pour la statistique. L'épaisseur de la bande indique le nombre de familles par groupe. Les traits rouges verticaux signalent les extinctions en masse.
Les zones bleutées figurent la diversité des familles marines. Apparus au précambrien. les animaux unicellulaires puis pluricellulaires ont rapidement proliféré dans les océans cambriens.
Les « camemberts » donnent une estimation des pourcentages d'espèces animales qui ont succombé ou survécu aux extinctions.

Il y a 600 millions d'années
Productrices de récifs minéraux (les stromatolites), les cyanobactéries ou algues bleues ont dominé le monde pendant deux à trois milliards d'années avant de devenir la proie des premiers animaux.

Fin de l'Ordovicien
Le Gondwana, supercontinent archaïque, dérive vers le pôle Sud durant l'ordovicien, entraînant une durable glaciation. Les premiers poissons survivent. Mais les invertébrés marins, organismes primitifs, et les mollusques bâtisseurs de récifs sont directement frappés.

Fin du Dévonien
La plupart des poissons et 70% environ des espèces invertébrés du monde périssent.

Fin du Permien
Lors de la plus terrible extinction de masse de tous les temps, 96 % des espèces disparaissent à la fin du permien.

Fin du Trias
A la fin du trias, 75 % des espèces d'invertébrés marins s'éteignent ainsi que nombre d'animaux terrestres. Mais deux groupes récemment évolués, dinosaures et mammifères, franchissent cette crise.

Fin du Crétacé
Un grand nombre de scientifiques américains attribuent les extinctions du KT (crétacé tertiaire) à un impact de météorite. Dinosaures et mollusques en sont les principales victimes.

Aujourd'hui
Quelques experts estiment a que la Terre traverse une phase d'extinction massive. Les hommes chasseurs des ères glaciaires, puis la destruction des habitats par l'homme moderne en seraient les principaux responsables,

Dans la classification zoologique, une famille peut comprendre une seule espèce ou bien plusieurs dizaines, Certaines familles peuvent donc survivre alors qu'elles ont perdu la majorité de leurs espèces. Les disparitions sont beaucoup plus massives que ne le suggèrent ici les graphiques de couleur. En termes d'individus et de biomasse, les pertes sont évidemment plus graves encore. Des populations peuvent cependant se reconstituer à partir de minimes reliquats, si bien que les couches géologiques ne conservent pas toujours la trace du choc.

Trop insouciants, les dinosaures ? Les deux premiers, un iguanodon et un mégalosaure, ont été exhumés en 1822 par deux médecins, en Grande-Bretagne. En 1842, l'anatomiste anglais Richard Owen baptise « dinosaurus » (lézards terribles) ces bêtes gigantesques. De nos jours, on sait que leur taille variait, en fait, de 60 centimètres à 30 mètres, leur poids de 25 kilos à 60 tonnes, que certains étaient herbivores, comme le diplodocus ou le brontosaure, d'autres carnivores comme le tyrannosaure. Tous pondaient des oufs, comme les serpents, tortues ou crocodiles d'aujourd'hui. On présumait naguère qu'ils avaient le sang froid, qu'ils étaient donc vulnérables aux intempéries. Mais le paléontologue Robert Bakker, aux Etats-Unis, soutient maintenant qu'ils contrôlaient leur température corporelle à la manière des oiseaux, leurs plus proches parents, peut-être leurs descendants. Au volume de leur crâne, on les a jugés stupides (le tricératops n'avait que 300 grammes de cervelle pour un corps pesant 6 à 9 tonnes).
Cependant, le biologiste américain Dale Russell estime qu'un petit dinosaure chasseur du Canada, le Stenonychosaurus inequalus, avait un cerveau comparable à celui des mammifères. Si l'extinction ne l'avait frappé comme les autres, il aurait pu évoluer à l'instar des primates. Bipède, il avait de grands yeux dirigés vers l'avant et déjà des mains préhensiles. Avec des « si », ce surdoué aurait bien pu couper la branche dont les singes et l'homme sont issus...
C'est dans les montagnes Rocheuses d'Amérique que les gisements de fossiles nous ont le plus appris sur les moeurs complexes et variées de ce groupe qui compta plusieurs centaines d'espèces. En 1982, par exemple, John Horner observe au Montana que les nids d'un robuste herbivore, le maïasaura, sont construits en forme de cratères, tels ceux des flamants roses actuels. Puis, en analysant les squelettes des jeunes, il en déduit que cette espèce nourrissait ses petits au nid; longs de 35 centimètres à la naissance, ils y restaient jusqu'à atteindre la taille de 1,50 mètre. Ils étaient donc « nidicoles » comme les petits flamants. D'autres paléontologues dénicheront ensuite des « nidifuges » qui gambadaient aussitôt éclos, comme les petits canards. On trouvera aussi des milliers d'animaux noyés ou ensevelis sous des cendres volcaniques, ce qui laisse à penser qu'ils vivaient en troupeaux et s'assemblaient comme les rennes ou les oies sauvages pour de longues migrations, au gré des saisons et des pâturages. Certains portaient des cornes ou des crêtes variables selon les sexes et des excroissances osseuses en forme de trompes. On suppose donc qu'ils se livraient à des parades, des joutes amoureuses, avec tout un concert de cris rauques ou aigus, comme les dinosaures animés de l'expo Dinamation..

L'ordinateur a calculé les échéances de la mort céleste

Phytosaure
Phytosaure
David Raup et John Sepkovski
David Raup et John Sepkovski
Styracosaure cornu
- Styracosaure cornu
Le phytosaure, était un redoutable prédateur pour les premiers petits dinosaures du trias. Proche des protosuchiens, ancêtres des crocodiles, ce carnassier terrestre s'était éteint environ deux cents millions d'années avant le moderne styracosaure cornu reconstitué dans le Dinosaur National Park d'Alberta, au Canada.
La dérive des étoiles causée par la rotation terrestre fait songer ici à une pluie de comètes. Selon David Raup et John Sepkovski (au planétarium de Chicago), ce phénomène pourrait causer des extinctions tous les vingt-six millions d'années, comme le montre la courbe des statistiques de fossiles traitées par ordinateur.

En contemplant la gigantesque omelette de la montagne de la Sainte-Victoire, nous nous demandons quels mystères ce gisement recèle encore. Nous imaginons la clameur de la colonie et la puanteur du guano qui devaient attirer des carnassiers aux dents longues. Mais la clef de l'énigme n'est pas là. Car les dinosaures ne se sont pas éteints tout seuls. A la réserve géologique de Digne, tout près de la préfecture des Alpes-de-Haute-Provence, le mur des ammonites ne nous expliquera rien non plus. A trois pas d'une décharge sauvage qui exhale ses fumets acides, le fond d'une mer datant de cent quatre-vingt-cinq millions d'années est dressé à la verticale sur 200 mètres carrés. La Téthys, océan tropical qui précédait ici la Méditerranée, grouillait alors de ces lourds mollusques spiralés comme les cornes d'Ammon, le dieu bélier égyptien, dont le diamètre dépasse parfois 1 mètre. Dotés de tentacules comme les nautiles ou les pieuvres, ils se repaissaient de charognes, de crustacés et mollusques, y compris des ammonites. Quelque dix mille espèces se sont succédé dans les mers du globe pendant deux cents millions d'années. Or, les dernières ammonites (voir article sur le Spitzberg, GEO n° 105) ont disparu exactement en même temps que les dinosaures, à la frange du crétacé et du tertiaire, ainsi que d'innombrables familles d'animaux marins. Il a donc bien fallu qu'un événement ou une crise affecte à la fois les océans et les continents. Plus haut dans la montagne, le géologue Jean-Simon Pagès nous montre le squelette d'un ichtyosaure. Fuselé et agile, grand prédateur de poissons et d'ammonites, ce reptile marin long de 4 à 12 mètres accouchait comme les requins ou les mammifères d'aujourd'hui. Mais il s'est éteint, lui, un peu avant la limite du crétacé tertiaire, après avoir traversé deux périodes d'extinction massive. Le mystère ne fait que s'épaissir. En fait, « il faut toujours rappeler que 99 % des millions d'espèces ayant vécu sur Terre n'existent plus de nos jours, nous rappelle, à Lyon, le professeur Louis David. Les unes ont disparu devant la concurrence d'animaux plus rapides, plus résistants ou plus prolifiques, les autres à cause de bouleversements géologiques ou climatiques. Le plus remarquable, souligne encore Louis David, c'est qu'après chaque disparition on assiste à une véritable explosion de nouveaux êtres vivants ». Ainsi les mammifères avaient cohabité avec les dinosaures pendant plus de cent millions d'années. Guère plus gros que des musaraignes, vraisemblablement nocturnes, mangeurs de graines ou d'insectes, ils végétaient dans l'ombre des géants. Dix millions d'années après la grande crise, ils se sont déjà ramifiés en primates arboricoles, chauves-souris, grands herbivores ou mammifères marins ancêtres des baleines. Il en est ainsi depuis la nuit des temps. Des recherches de plus en plus précises ont montré que des bactéries ont d'abord conquis les eaux voilà trois milliards et demi d'années, soit à peine un milliard d'années après la formation de la Terre et des autres planètes autour du Soleil. Un à deux milliards d'années plus tard, explique le biologiste Lynn Margulis dans « Univers bactériel », un gaz mortel cause le « premier holocauste ». C'est l'oxygène, foudroyant pour les microbes anaérobies, que libèrent les cyanobactéries ou « algues bleues ». Disposant de la photosynthèse, ces plantes minuscules s'assemblent en communautés dans les mers chaudes et lumineuses où elles fixent les minéraux en formant d'énormes récifs, les stromatolites. « Voilà environ six cents millions d'années, elles disparaissent à leur tour de presque tous les océans, observe Janine Sarfati, de l'université de Montpellier, sous la pression d'êtres mobiles et voraces : les premiers animaux. » On ne trouve plus désormais de stromatolites vivants que « dans le golfe Persique, les parages des Bahamas et de l'Australie, ainsi que dans les geysers, résurgences et sources d'eau douce ». Selon les paléontologues, cinq à dix extinctions « massives » se succéderont encore. Apparus au cambrien, voilà cinq cent soixante-dix millions d'années, les trilobites, sortes de cloportes marins articulés et cuirassés, seront frappés durement à trois reprises. « A chaque fois, de nouveaux trilobites réapparaissent ou plutôt se diversifient à partir des survivants », explique le géologue Pete Palmer. Ce spécialiste américain envisage qu'à la fin du cambrien (cinq cents millions d'années) « la chute d'un objet extraterrestre aurait pu chambouler les couches océaniques. Les eaux profondes, froides et pauvres en oxygène se seraient retrouvées à la surface, et les eaux chaudes et aérées dans les abysses ». A la fin de l'ordovicien (quatre cent quarante millions d'années), des familles de palourdes, d'étoiles de mer, de crinoïdes et de nouveau de trilobites s'éteignent en masse. A cette époque, suggère le paléonto1ogue Peter Sheehan, il y aurait eu une grande glaciation lorsque le Gondwana, un ancien continent, a dérivé vers le pôle Sud ». Les glaciers surgissants ont littéralement épongé la mer de son eau. Ils auraient asséché ainsi les récifs où la vie était la plus abondante mais aussi la plus vulnérable.

Dans l'océan, des holocaustes aux origines de la vie

Stromatolites
Stromatolites
Reconstitution des mers du cambrien (trilobites (en haut), anomalocaris (au centre))
Reconstitution des mers du cambrien (trilobites (en haut), anomalocaris (au centre))
David Ward et des stromatolites sous eclairage UV
David Ward et des stromatolites sous eclairage UV
Aux premiers temps de la vie, la mer seule était habitée et concernée par les extinctions d'êtres vivants. Pendant plus de 2,5 milliards d'années, les stromatolites, appelés aussi algues bleues ou cyanobactéries, ont bâti dans les océans d'immenses chaînes de récifs. Voilà cinq cents à sept cents millions d'années, ils ont régressé sous la pression des animaux primitifs. Ils subsistent cependant ici, dans les courants rapides à l'est des îles Bahamas, ainsi que dans les eaux très salées d'Australie occidentale.
Aux Etats-Unis, sous un éclairage ultraviolet, David Ward, de l'université du Montana, détecte la chlorophylle de ces « fossiles vivants », qui émet alors une fluorescence rose. C'est l'oxygène libéré par ces microplantes qui a causé la mort des premières bactéries anaérobies puis a permis la vie des premiers êtres aérobies. Autres hôtes disparus des océans (ci-dessus), les trilobites (en haut) avaient pour prédateur l'anomalocaris (au centre) qui s'est éteint bien avant eux : cette reconstitution des mers du cambrien, il y a cinq cents millions d'années, a été réalisée à l'université d'Oslo, en Norvège.

Le Gondwana remontant vers le nord, la chaleur, la mer et la vie reviennent, mais aussi les extinctions. Celle du dévonien (trois cent soixante-dix millions d'années) verra la disparition de multiples coraux et animaux marins dont on retrouve les fossiles sur le sommet des montagnes Rocheuses. Là encore, le géologue canadien Helmut Geldsetzer accuse l'impact d'un objet extraterrestre dans l'océan. L'extinction du permien (deux cent quarante millions d'années), la plus grave de tous les temps, fait ensuite disparaître 96 % des espèces ! La vie alors a cessé d'être uniquement aquatique : on voit s'éteindre par vagues les amphibiens gros comme des porcs qui hantaient les marécages du carbonifère peuplés d'insectes, mais aussi beaucoup de reptiles mammaliens dont les lignées survivantes engendreront les futurs mammifères. La Terre, cette fois, est désignée comme le plus évident coupable de l'holocauste. Car c'est l'ère où toutes les plaques tectoniques de la planète se soudent en une immense masse de terres : la Pangée. Selon le paléontologue américain Bob Sloan, ce super-continent unique (empiétant sur les deux pôles) a dû être le théâtre d'une série de superglaciations. Baissant et remontant de 200 mètres, reculant et avançant sur 1000 à 2000 kilomètres, les mers tropicales se seraient plusieurs fois refroidies. Et, sur les terres, le climat serait devenu rigoureux et sec. Après dislocation de la Pangée, le temps se radoucit au Trias. Des ichthyosaures nagent dans les mers. Des ptérosaures, reptiles volants et poilus, s'élancent dans les airs. Puis les premiers dinosaures, suivis de discrets mammifères, colonisent les plaines chaudes et humides. A la fin du Jurassique (cent quarante millions d'années), une crise encore inexpliquée semble faire disparaître les premiers géants : brontosaures brouteurs et allosaures carnassiers. Longtemps plus tard, après d'autres crises méconnues, ils seront remplacés par les « modernes » tricératops, cornus et massifs comme des rhinocéros, et les tyrannosaures, chasseurs ou charognards. On trouve leurs tout derniers squelettes juste avant la limite du crétacé tertiaire, la fameuse couche KT.

Le scénario du corps extraterrestre venu percuter la planète

C'est précisément dans cet interstice qu'a éclaté en 1980 la bombe qui déchaîne depuis dix ans les passions scientifiques. Deux ans plus tôt, en Italie du Nord, l'Américain Luis Alvarez, prix Nobel de physique, et son fils Walter, géophysicien à Berkeley, sont venus chercher à Gubbio, dans les craies du crétacé, un marqueur chimique qui pourrait servir à dater les sédiments : l'iridium. Car on croit alors que ce métal blanc et précieux, un platinoïde, se dépose régulièrement sur Terre lors des pluies de poussières cosmiques (15.000 tonnes par an) issues de la pulvérisation des comètes et météorites dans l'atmosphère. Or, dans la couche KT, qui marque la transition entre le crétacé (fin de l'ère secondaire et ère tertiaire), les Alvarez trouvent trente fois la proportion d'iridium attendue dans la croûte terrestre. Au Danemark, dans la falaise de Stevns Klint, ils détectent un enrichissement de cent soixante fois ! Plus tard, d'autres échantillons prélevés en Nouvelle-Zélande, puis à Zumaya, au Pays basque espagnol, donneront des résultats comparables. D'où vient cette concentration inouïe sur toute la croûte terrestre, toujours exactement dans la même couche datée de soixante-cinq millions d'années ? Les Alvarez avancent dans le magazine « Science » du 6 juin 1980 que ce métal « en excès » ne peut venir que d'un corps extraterrestre connu pour sa richesse en iridium : un astéroïde. D'emblée, ils imaginent un corps de 10 kilomètres de diamètre tombant sur Terre à la vitesse de 100 000 kilomètres à l'heure, creusant un cratère de 200 kilomètres de large et éjectant dans l'atmosphère des milliards de tonnes de roches en fusion. Obscurcis de poussières noires, les cieux ne laissent plus passer la moindre lumière. La nuit et un froid polaire règnent sur les terres et les mers. Le plancton et les végétaux meurent, puis les herbivores, puis les carnivores. Lorsque le ciel s'éclaircit, seuls survivent ceux qui se contentaient de graines, de racines ou de charognes, ceux qui ont pu hiberner dans des abris, ou résister au froid grâce à leur sang chaud, leurs plumes, leurs poils. Surprise, des tortues, des lézards et des crocodiles subsistent, alors que la plupart de leurs familles ont succombé. Ce scénario rappelle étrangement celui de 1'« hiver nucléaire » que pourrait entraîner un conflit atomique mondial. Bientôt, les chercheurs soutenant cette hypothèse reçoivent pour l'approfondir et la vérifier d'importants crédits de la NASA et d'autres agences militaires et spatiales. C'est l'époque reaganienne de la guerre des étoiles. Dans l'enthousiasme et l'abondance de dollars, les « preuves » de l'impact vont pleuvoir. Dans la couche KT de l'Ouest américain, le géologue Gien Izett repère au microscope polarisant des grains de quartz « choqués » : selon lui, ils ne peuvent qu'avoir été déformés par un impact d'origine cosmique. A Chicago, l'astrophysicien Edward Anders demande à son étudiante Wendy Wolbach de rechercher du carbone dans la couche à iridium. Elle y découvre, en fait, un « énorme enrichissement en suie ». Aussitôt, son maître s'enflamme : « L'astéroïde en fusion formait une boule de feu de plusieurs milliers de kilomètres, un immense incendie poussé par des vents violents a balayé la planète et embrasé peut-être 90 % des forêts... » Çà et là, les géologues américains reconnaissent aussi dans la couche KT des tectites et autres impactites, c'est-à-dire des roches fondues, puis vitrifiées. Elles ont parfois pris la forme de gouttes d'eau effilées lors de leur projection dans les airs. A leurs yeux, ce sont des témoins irréfutables d'un formidable choc. Il faut dire qu'Alvarez a alléché tout le monde en déclarant dans « Science » que « l'impact extraterrestre pourrait expliquer de même les précédentes extinctions majeures ». Voilà pourquoi Palmer et Geldsetzer attribuent désormais les catastrophes du cambrien et du permien au même type de causes. Actuellement, des spécialistes américains cherchent d'ailleurs des anomalies d'iridium dans toutes les couches correspondant aux autres grandes crises de la vie. Il est vrai qu'entre-temps, en 1983, deux scientifiques de Chicago ont déclenché une nouvelle ruée vers le cosmos tueur. Paléontologues passionnés d'informatique, David Raup et John Sepkovski ont traité sur ordinateur des dates d'apparition et de disparition de milliers d'espèces marines. Et ils remarquent un « pic d'extinctions » spectaculaire « tous les vingt-six millions d'années ». Un rythme aussi régulier, notent-ils, « ne peut avoir une cause terrestre ». Au symposium de Flagstaff, en Arizona, leur exposé suscite la méfiance des paléontologues mais l'ardeur des astrophysiciens. Sans même vérifier les statistiques de Raup et Sepkovski, leurs supporters se rangent illico en partisans de trois hypothèses contradictoires. Michael Rampino, de l'Institut spatial Goddard, propose que le va-et-vient rythmique du système solaire dans notre galaxie, la Voie lactée, pourrait causer des bombardements de comètes sur la Terre. Le problème, c'est que ce rythme est d'environ trente-trois millions d'années : la planète des hommes devrait donc se trouver actuellement sous un bombardement intense ! Ce qui, semble-t-il, n'est pas le cas.

Les astronomes américains perdus dans la nuit du cosmos

Rude hiver pour les couvées de dinosaures et les ammonites.
Mur des ammonites, près de Digne
Mur des ammonites, près de Digne
Nadine Gomez et le reporter de GEO examinent un oeuf de dinosaure
Nadine Gomez et le reporter de GEO examinent un oeuf de dinosaure
Le paléobiologiste américain Steven Stanley
Le paléobiologiste américain Steven Stanley
Le paléobiologiste américain Steven Stanley estime que les refroidissements du climat expliquent la plupart des extinctions massives. Mais quelle en est la cause ?
II faut aussi comprendre pourquoi la majorité des organismes marins (à droite, en France, le mur des ammonites, près de Digne) se sont éteints en même temps que les dinosaures qui pondaient autour de la montagne de la Sainte-Victoire près d'Aix-en-Provence.
La géologue Nadine Gomez et le reporter de GEO examinent un oeuf de dinosaure bien conservé : en bas de la paroi argileuse, l'érosion a dégagé le profil blanchâtre d'une demi-coquille ensevelie après l'éclosion.


Mais le Californien Richard Muller entraîne ses collègues dans une autre direction : l'étoile tueuse Némésis. Il imagine que le Soleil, comme la moitié des étoiles, possède une petite sour lointaine qui gravite lentement autour de lui et arrache régulièrement dans le nuage de Oort des millions de comètes. Certaines de ces boules de neige sale pourraient se désagréger à l'approche de la Terre et la cribler d'une grêle funeste. Puis une troisième troupe d'astronomes s'enrôle derrière le drapeau de la planète X, la dixième du système solaire, restée invisible à ce jour. A leur tête : Daniel Whitmire et John Matese, de l'observatoire de Louisiane. Depuis plus de six ans, des dizaines d'astronomes américains braquent leurs télescopes ou dépouillent d'anciennes images et données informatiques pour tenter de repérer l'étoile Némésis ou la planète X : mais l'une et l'autre sont restées cachées dans l'insondable nuit du cosmos. Il y a deux ans, Luis Alvarez. le prix Nobel, est mort et son fils Walter a révisé légèrement sa théorie. En juin 1990, il confiait à GEO que « si le cycle astronomique se vérifiait », l'astéroïde aurait du plomb dans l'aile, car « ces blocs rocheux qui gravitent comme la Terre en couronne autour du Soleil ne sauraient être éjectés par l'attraction d'un astre lointain ». L'hypothèse d'une "pluie de comètes" lui paraît désormais tout aussi vraisemblable, d'autant plus qu'on a découvert parfois « des couches d'iridium espacées de quelques milliers d'années. A Berkeley, Walter Alvarez a construit une coûteuse machine automatique qui analyse chaque année en rafales des milliers d'échantillons KT prélevés en soixante points de la planète : « Partout ou presque, observe-t-il, l'iridium scintille à la date précise où s'éteignent dinosaures et ammonites. » Alors que sa théorie se porte et s'exporte de mieux en mieux (jusqu'en Union soviétique et en Chine), Alvarez n'a jamais été en France en odeur de sainteté. D'abord parce que l'on n'ignore pas que sa recherche a été largement financée, donc orientée par des crédits militaires et spatiaux américains. Ensuite parce que, en Europe, depuis le paléontologiste Georges Cuvier, au XIXe siècle, toutes les hypothèses d'extinctions catastrophiques sont entachées de ridicule. Le grand scientifique français attribuait les disparitions d'espèces à des déluges successifs, suivis de nouvelles créations, et ne croyait pas à l'évolution. Le troisième défaut d'Alvarez est qu'il n'est pas paléontologue : il se soucie peu que les spécialistes des fossiles n'aient pas besoin de son hypothèse pour expliquer les extinctions. Au Muséum de Paris, Philippe Taquet s'amuse depuis vingt ans à collectionner les théories farfelues : « Près de quatre-vingts causes, nous a-t-il déclaré un jour, ont été imaginées. Celle d'Alvarez en fait partie. »

Il y a aussi ceux qui affirment que les extinctions massives et brutales sont un mythe. A Lyon, le paléontologue Louis David constate : « Les dinosaures, comme les ammonites, étaient en déclin depuis des millions d'années avant de disparaître. En moyenne, les espèces vivent peut-être un million d'années. Elles ne cessent donc jamais de s'éteindre. » Selon lui, les groupes obéissent aux mêmes lois que les individus : « Ceux qui naissent poussent vers le tombeau ceux qui vieillissent. » Le savant nous entraîne à Cérin, dans falaises du Jura où, depuis trente ans, il exhume avec ses disciples des fossiles du jurassique. Il y a cent quarante millions d'années, un dinosaure sauteur a laissé ici d'impressionnantes empreintes au bord de la lagune tropicale aujourd'hui pétrifiée. La crise du crétacé est encore loin, soixante-dix milions d'années plus tard, et Louis David l'explique par un refroidissement du climat : « Les mers se retirent peu à peu, elles dégagent les plateaux continentaux en pente douce. » C'est là justement que grouillent, dans la lumière et le doux ballottement des marées, la plupart des espèces aquatiques. Les biotopes, les chaînes alimentaires sont alors bouleversées. « Si le niveau des océans baisse de 200 mètres, comme on l'observe au crétacé, le climat des continents devient de plus en plus rigoureux, continental, car les eaux ont parfois reculé de 1 000 à 2 000 kilomètres. » Soudain, nous reconnaissons là l'hypothèse émise en 1964 par le paléontologue Léonard Ginsburg, du Muséum. Et nous retrouvons ce dernier, fidèle au poste, vif et affairé parmi des crânes de cervidés du tertiaire. Un peu amer quand même, car le « Galilée des régressions marines » n'a jamais eu les moyens d'étayer son idée comme les catastrophistes américains, « alors qu'elle explique beaucoup mieux que les autres pourquoi les reptiles de petite taille, les mammifères et les oiseaux n'ont pas été touchés ». Hélas, Ginsburg, pas plus que David, n'explique pourquoi les mers ont régressé. A cause de la glaciation ? Ou bien, à l'inverse, celle-ci a-t-elle été causée par leur retrait ? « Je n'en sais rien, rétorque-t-il, mais j'ai le droit de me servir de ces deux faits, puisque l'un et l'autre ont été vérifiés par les géologues et les paléontologues du monde entier. » Sans le savoir, peut-être, Ginsburg n'est pas seul ni incompris. Aux Etats-Unis, le paléontologiste Steven Stanley observe comme lui que « les écosystèmes ont commencé à s'altérer plusieurs millions d'années avant l'impact du KT. Un refroidissement général de la planète aurait, estime-t-il, causé les extinctions ». La raison ? « De grandes éruptions volcaniques pourraient avoir durablement obscurci l'atmosphère. » Depuis quelques années déjà, d'autres « volcanistes » avançaient le même argument. Mais les « impactistes » leur répliquaient: « Comment expliquez-vous la couche à iridium du KT ? » Tout allait bien pour eux, jusqu'au jour de 1983 où l'équipe de William Zoller révèle qu'un volcan de Hawaii, le Kilauea, exhale dans ses gaz fluorés d'importantes quantités d'iridium. En 1985, les géologues américains Officer et Drake soutiennent que le secret du KT réside peut-être au royaume de Vulcain. Michael Rampino va jusqu'à imaginer que l'astéroïde d'Alvarez pourrait avoir brisé la croûte terrestre en Inde et provoqué l'extrusion de magma qui coiffe aujourd'hui le plateau du Deccan.

Mammouth reconstitué
Mammouth reconstitué
En Colombie-Britannique, le mammouth, espèce anéantie par l'homme, semble revivre dans un diorama au Muséum royal de Victoria. Cet animal n'est qu'une des multiples espèces qui n'ont pas survécu aux premières armes de jet de la préhistoire; à l'âge glaciaire, il hantait en troupeaux les steppes d'Asie, d'Europe et d'Amérique du Nord.

Par coïncidence, dès 1984, une équipe française y est déjà à pied d'ceuvre, entre Bombay et Nagpur. Elle est conduite par Vincent Courtillot, le patron de l'Institut de physique du globe, et Jean-Jacques Jaeger, paléontologue à Montpellier. Eux aussi ont été intrigués par ces prodigieuses coulées de basalte. Epaisses de 2 kilomètres en moyenne, elles ont recouvert jadis deux fois la surface de la France : 1 million de kilomètres carrés ! Patiemment, aidés de collègues indiens, ils datent les roches en se référant aux fossiles et aux inversions connues du champ magnétique. Leur conclusion : l'événement est contemporain du KT (soixante-cinq millions d'années) et coincide bien avec l'extinction des ammonites et des dinosaures. L'épanchement de lave aurait duré « quatre cent mille à un million d'années ». N'y avait-il pas là de quoi obscurcir le ciel et refroidir le climat ?

Gibiers et trophées pillés par les hordes humaines
Oiseau 'o'o-'a'a des iles Hawaii
Oiseau 'o'o-'a'a des iles Hawaii
Cape d'apparat du chef hawaiien Kilawa'o
Cape d'apparat du chef hawaiien Kilawa'o
Le mammouth (voir plus haut) n'est qu'une des multiples espèces qui n'ont pas survécu aux premières armes de jet de la préhistoire; à l'âge glaciaire, il hantait en troupeaux les steppes d'Asie, d'Europe et d'Amérique du Nord.
Les rituels politiques et religieux ont également coûté la vie à de nombreux oiseaux : dans les îles Hawaii! le 'o'o-'a'a a été exterminé pour ses plumes qui servaient à confectionner des casques et des capes d'apparat; celle du chef Kilawa'o (ci-contre) représente plus de quatre-vingt mille dépouilles de petits volatiles. Les chiens, cochons et rats introduits par les Polynésiens ont d'ailleurs fait les pires ravages chez les oiseaux des îles le plus souvent incapables de voler.

Qu'on se rappelle, soulignent-ils, du Laki, en Islande. En 1783, les gaz toxiques ont tué 75 % du bétail et 24 % des Islandais. Les hivers qui ont suivi, la température est tombée de cinq degrés dans l'hémisphère Nord, les blés ont gelé, et certains historiens imputent aux disettes qui ont suivi, le pain ayant manqué, « la cause lointaine de la Révolution française ». Le hic, c'est que, dans le Deccan, l'iridium semble encore plus rare qu'ailleurs. Les géologues français répondent qu'à l'état gazeux et très chaud « il ne pouvait que monter dans la haute atmosphère ». Il faut maintenant regarder une carte du monde. Didier Vandamme, un jeune membre de l'équipe Courtillot, nous désigne sur le planisphère les quatre « points chauds » du globe où les plaques océaniques s'écartent : Hawaii, dans le Pacifique; l'Islande, dans l'Atlantique Nord; les îles Kerguelen, non loin de l'Antarctique; et la Réunion, dans l'océan Indien. Ce sont les quatre lieux du monde où des volcans dits effusifs ressemblant à des plaies ouvertes crachent du basalte qui remonte du manteau profond. Parmi eux, le volcan réunionnais de la Fournaise est maintenant sous le feu des projecteurs, car « les géophysiciens français ont récemment montré qu'à la fin du crétacé, la plaque indienne passait juste au-dessus lors de sa lente dérive sud-nord vers l'Asie ». Les basaltes du Deccan viennent de là, avancent les chercheurs. Le point chaud, lui, n'a pas bougé. Il continue de vomir des millions de mètres cubes de laves, mais aussi de vapeurs brûlantes. Sur ses pentes noires et fumantes, un jeune volcanologue masqué, Jean-Paul Toutain, prélève à chaque éruption des gaz chauds dans des tubes en cristal de quartz. Une poudre blanchâtre se dépose sur les parois. Toutain expédie ensuite en France ses « sublimés » à son collègue Georges Meyer, au Centre d'études nucléaires de Saclay, dans la région parisienne. Meyer est l'un des meilleurs clients du réacteur de recherches Osiris. Il lui donne régulièrement à irradier des échantillons de sublimés volcaniques. Cette opération, l'« activation neutronique », rend radioactifs les éléments chimiques. Il suffit ensuite de les analyser avec un spectromètre à rayons gamma pour détecter les plus infimes doses de métaux rares. A la fin de l'an dernier, les deux chercheurs ont ensemble hurlé de joie au téléphone : « L'iridium ! » Mais oui, la Fournaise crache dans les airs les mêmes composés que le Kilauea. Deux volcans de point chaud sur quatre semblent donc voter pour la théorie volcaniste de Courtillot. A Saclay, toutefois, les impactistes gardent un brillant défenseur : voisin et ami de Georges Meyer, client comme lui d'Osiris, l'astrophysicien Robert Rocchia se passionne pour l'hypothèse Alvarez depuis le début des années quatre-vingt. L'iridium, il connaît bien, car il le détecte depuis longtemps dans les poussières cosmiques accumulées par les glaces du Groenland. Depuis, aux côtés des impactistes américains et des volcanistes français, il fouille sans relâche les falaises du Danemark, d'Espagne et de Tunisie où affleure la couche KT. Les grès du gisement d'oeufs de dinosaures, à la montagne de la Sainte-Victoire, continuent de le désespérer : « L'iridium est introuvable, alors qu'il est présent dans la plupart des autres échantillons KT, mais aussi légèrement au-dessus et au-dessous. Je ne crois donc plus à un impact unique, mais à une averse de débris de comètes qui aurait duré dix mille à cent mille ans. »

Un cortège de métaux forgés dans les étoiles

Comment départager impactistes et volcanistes ? Directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique, l'astrophysicien Hubert Reeves ne voit qu'une solution : les « signatures ». C'est vrai, Rocchia et Meyer nous l'ont bien expliqué, « l'iridium cosmique parvient sur Terre accompagné de tout un cortège de métaux rares, forgés comme lui dans les étoiles, les platinoïdes. Leurs rapports, leurs proportions entre eux et leurs isotopes devraient signer son origine ». Reeves songe notamment à l'osmium et à l'or... « Et alors ? répliquent les volcanistes de l'équipe Courtillot, qu'y aurait-il de décisif ? » Ils ont, en effet, beau jeu de rappeler que le manteau profond de la Terre a une origine cosmique, tout comme les météorites ou les comètes. On sait aujourd'hui que les planètes se sont toutes formées par accrétion de corps célestes errant autour du Soleil. Mais Reeves insiste : « Je serais étonné que les volcans aient la même signature, car les matériaux y sont transformés par une chimie intense. La preuve c'est que l'iridium en sort séparé du magma ! » Robert Rocchia enfonce le clou : « Je trouve dans la poussière cosmique et les météorites les mêmes signatures que dans la couche KT. J'attends que les volcanistes nous présentent la même signature chez les volcans." Alvarez, lui, nous assure qu'elle est déjà connue : « Le groupe de Zoller a mesuré les platinoïdes du Kilauea, à Hawaii. Leurs proportions avec l'iridium n'ont rien de cosmique ! »

Un grand prédateur des mers pétrifié en pleines couches
L'archéologue Jean-Simon Pagès et le squelette d'un Ichthyosaurus tenuirostris à bec pointu
L'archéologue Jean-Simon Pagès et le squelette d'un Ichthyosaurus tenuirostris à bec pointu
Squelette fossile d'Ichthyosaurus avec son petit et 5 foetus
Squelette fossile d'Ichthyosaurus avec son petit et 5 foetus
En France, à la réserve géologique de Digne, le géologue Jean-Simon Pagès présente au public le squelette d'un Ichthyosaurus tenuirostris à bec pointu, reptile marin mort et fossilisé il y a environ cent quatre-vingts millions d'années. Le chercheur tient une maquette de ce chasseur d'ammonites et de poissons, éteint longtemps avant les dinosaures.
Au sud de l'Allemagne, un fossile exhumé et conservé au musée Hauff,à Holzmaden Teck, a permis de savoir que les ichthyosaures mettaient bas comme les mammifères : cette femelle accompagnée d'un petit portait cinq foetus.

D'un chercheur à l'autre, nous nous sentons comme des balles de ping-pong entre deux raquettes. Reeves a bien raison de rappeler que les impacts extra-terrestres n'ont rien de farfelu. Ne trouve-t-on pas sur Terre une centaine de cratères rappelant de grands chocs du passé ? Et il suffit de regarder la face grêlée de la Lune à la lorgnette pour voir à quoi ressemblerait notre planète si elle n'avait pas d'atmosphère, pas d'eau, pas d'érosion.

Les doutes du Muséum d'histoire naturelle

Mais, du tac au tac, nous nous disons aussi que Courtillot n'a pas tort d'observer que les laves du Deccan sont là, bien visibles, bien datées alors qu'on attend toujours le ou les cratères qui correspondraient aux impacts du KT. Au laboratoire de minéralogie du Muséum, Brigitte Zanda nous présente la collection de météorites : « Plusieurs dizaines de blocs ont frappé la France depuis le XVIIIème siècle. A Saint-Séverin, en Charente, l'un d'eux s'est fragmenté en huit morceaux pesant au total 271 kilos, le 27 juin 1966. »

Ce bipède reptilien aurait pu avoir le mot de la fin
Evolution possible vers un humanoïdes à peau de lézard
Evolution possible vers un humanoïdes à peau de lézard
Phoques malades
Phoques malades
Que seraient devenus les dinosaures s'ils n'avaient été frappés d'extinction? Le paléontologue américain Dale Russell et son collègue Ron Seguin ont imaginé que le Stenonychosaurus inequalus (à l'arrière-plan), un carnivore bipède doté d'un « pouce » opposable, d'un assez gros cerveau et d'yeux frontaux, aurait évolué pour devenir un humanoïde (au premier plan) à peau de lézard. Les primates n'auraient alors pu progresser vers l'Homo sapiens qui est aujourd'hui responsable de maintes extinctions : les phoques de la mer du Nord, entre autres, meurent d'ulcères viraux à cause de la pollution, les composés organochlorés et les métaux lourds affaiblissant leurs défenses immunitaires.

En moyenne, rappelle Alvarez, « les grands cratères météoriques (plusieurs dizaines de kilomètres de diamètre) semblent se produire tous les trente millions d'années ». A Paris, à l'Institut de physique du globe, le géochimiste François Robert ne fait rien pour dissiper nos incertitudes : lui et ses collègues ont cherché dans la couche KT les gaz rares (hélium, krypton, zénon) dont les rapports entre eux seraient typiques des météorites. Ils n'en ont pas trouvé un seul ! Idem pour les rapports hydrogène-deutérium. Quant aux quartz choqués, aux tectites et impactites « les volcans en fabriquent aussi bien que les impacts extraterrestres » ! Cependant, le 8 juin 1989, deux chercheurs californiens, Meixun Zhao et Jeffrey Bada, ont tout de même apporté un joli filet d'eau au moulin d'Alvarez. Ils affirment dans « Nature » avoir identifié dans la couche KT de Stevns Klint des acides aminés présumés d'origine extraterrestre. Mais ils sont loin encore d'avoir convaincu tous leurs collègues. « Le Muséum d'histoire naturelle, confie Brigitte Zanda, serait le lien idéal pour conduire là-dessus des travaux pluridisciplinaires. » Ce n'est malheureusement pas le cas. On est prudent, au Muséum ! On collectionne, on classe, on date, on doute. Et les carrières ne dépendent pas, heureusement peut-être, de l'éclat des recherches. En paléontologie, de brillants chercheurs comme Daniel Gouget ou Hervé Le Lièvre « comptent les points » de la querelle, mais se gardent de s'y mêler. A leurs yeux, elle est « minée » par l'excès de passion et le manque d'éléments de preuves : « Dans les fossiles, il y a trop de lacunes pour qu'on puisse décider à quel moment exact ils disparaissent. » Daniel Gouget sourit volontiers des impactistes américains : « Si leurs fonds viennent de la NASA, il vaut mieux que l'iridium vienne de l'espace. En outre, c'est plus séduisant pour le public. » On observe aussi qu'Alvarez à Berkeley et David Raup à Chicago sont des scientifiques influents, membres de l'Académie des sciences, « capables de briser ou d'accélérer carrières et crédits ». S'engager avec ou contre eux, c'est aussi, parfois, « entrer en religion ». Aux Etats-Unis même, les deux « papes » Alvarez et Raup essuient une mitraille d'objections des paléontologues. Keith Rigby note que certaines revues scientifiques (surtout « Science ») refusent de publier les articles contredisant leurs hypothèses. C'est Rigby, justement, qui prétend avoir exhumé au Montana « des ossements de dinosaures bien postérieurs à la prétendue extinction et à la couche à iridium ». William Clemens, lui, objecte qu'il a trouvé en Alaska de grands dinosaures qui devaient donc « s'accommoder fort bien du froid polaire et de la longue nuit arctique ». Et l'Australien Thomas Rich collecte en Tasmanie « des fossiles qui vivaient au crétacé tout près du pôle Sud ». Quant à Robert Bakker, le défenseur des dinosaures à sang chaud, il reproche aux impactistes leur « ignorance » en biologie et leur « arrogance » envers les naturalistes. Le feu le plus nourri frappe Sepkovski et Raup, les tenants du cycle d'extinctions de vingt-six millions d'années. Dans « Nature » (le concurrent de « Science »), leurs collègues Hoffman, Patterson et Smith relèvent leurs erreurs de datation et leurs illusions statistiques dues au mélange des espèces et des familles. Présumées éteintes toutes ensemble, certaines auraient survécu à des époques différentes... A cela, Raup et Sepkovski répondent qu'ils ont simplement dépouillé les données fournies par leurs collègues. A eux, donc, de faire le ménage dans la taxonomie et les époques géologiques ! Le débat semble si confus que certains humoristes ont préféré le trancher par sondages auprès des savants. Il en ressort que plus de la moitié des géophysiciens américains croient qu'un impact extraterrestre a causé l'extinction des dinosaures et des ammonites. En revanche, 10 à 15 % seulement des paléontologues européens partagent leur opinion ! Après avoir touché le fond de la dérision, il est temps que la science retourne au terrain. A la fin du printemps 1990, Raup nous déclarait : « Je continue à tenir à mon cycle de vingt-six millions d'années. En tenant compte des critiques et des corrections apportées par mes collègues, j'ai remis en route les ordinateurs et les pics d'extinction sont devenus encore plus évidents. »

Une querelle qui ne peut se régler que sur le terrain

Quant à Alvarez, il estime aujour-d'hui que cette question a perdu tout intérêt : « Les données sont trop rares et trop imprécises. Mais prenez un couteau, ajoute-t-il, et glissez-en la lame dans la couche KT de la falaise de Caravaca, en Espagne, vous serez frappé par le nombre de micro-organismes marins qui disparaissent en l'espace d'une cinquantaine d'années. » A Saclay, le chercheur français Robert Rocchia fait la même observation : « C'est le terrain qui décide, pas les mots ! » Son collègue Georges Meyer plaide, lui, pour « la précision, la rigueur toujours accrue des analyses ». En avril dernier, une nouvelle bombe scientifique a incité les chercheurs à repartir en quête. C'est Bruce Bohor, un géologue du Colorado, qui prédit dans « Nature » la présence au large de Cuba d'un cratère large de 225 kilomètres. En dépouillant les anciens relevés géologiques de l'île des Caraïbes, il constate de mystérieux amoncellements de blocs rocheux « exotiques » qui pourraient avoir été éjectés lors d'une chute de météorite dans la mer. Des failles sous-marines en forme d'arc lui semblent un autre indice d'impact. En outre, ajoute-t-il, le géologue Hildebrand a repéré à Hispanolia, sur l'île voisine, des impactites et des tectites qui pourraient résulter du même choc.

Paul Coullet nettoie un fossile
Paul Coullet nettoie un fossile
La chasse aux fossiles est parfois une course au trésor
Dans le sud de la France, la fossilisation de millions d'ammonites a suscité la naissance d'un sport, d'un art et d'un véritable commerce. Paul Coullet, infirmier à Barrême (Alpes-de-Haute-Provence), refuse cependant de commercialiser ses coquilles dont les plus belles peuvent dépasser la valeur de 10 000 francs. Avec l'accord de la réserve géologique de Digne, il les extirpe dans les falaises et les nettoie pour en faire du matériel scientifique et muséologique : il a ainsi mis au jour quelques espèces inconnues. Dans le même village, son voisin Louis Maurel a créé un musée privé à partir de fossiles collectés naguère dans la montagne ou échangés sur le marché discret des collectionneurs de curiosités. Désormais, les gisements sont protégés par la loi contre le pillage et la contrebande.
Iain Bishop présente une collection d'animaux frappés d'extinction
Iain Bishop présente une collection d'animaux frappés d'extinction
Quand l'arche de Noé devient le tombeau des espèces
A Londres, au British Museum, le conservateur Iain Bishop présente une collection d'animaux frappés d'extinction après l'apparition de l'homme. Debout contre un tronc d'arbre, le paresseux géant (mégathérium) vivait jadis en Amérique du Sud; on reconnaît aussi le petit zèbre quagga, disparu d'Afrique au siècle dernier, l'oiseau géant moa, exterminé en Nouvelle-Zélande, le loup marsupial de Tasmanie, le grand pingouin, le wallaby Toolach d'Australie, le dodo de l'île Maurice, ainsi que divers oiseaux d'Amérique. Le zoologiste tient dans ses bras un aye-aye, doux lémurien de Madagascar très menacé et qu'on avait cru éteint jusqu'à sa redécouverte dans les années cinquante.

Jusque-là, les géologues les disaient volcaniques. Aussitôt, les chercheurs français, volcanistes et impactistes, ont formé une équipe pour se rendre à Haïti. Par leur collègue Maurasse, de Miami, ils savaient déjà que, là-bas, la couche KT est très épaisse (50 centimètres) et très riche en iridium. Elle pourrait être la « pierre de Rosette » des Champollion de l'extinction. Bohor, lui, rêve de se rendre à Cuba avec un sous-marin et du matériel de détection sismique. Pour mieux complaire au gouvernement de La Havane, il souhaite intégrer dans son équipe des scientifiques des pays de l'Est. Mais Alvarez et Hildebrand croient plutôt que le cratère se trouverait du côté de la Colombie. L'aventure continue, mais les hiéroglyphes demeurent. A Paris, chez Eric Buffetaut et Jean-Michel Mazin, paléontologues du CNRS à la faculté des sciences, nous essayons encore de comprendre pourquoi les petites espèces de tortues et de crocodiles sont restées. Pour Buffetaut, « ces reptiles au métabolisme assez lent auraient pu survivre en mangeant des charognes, en alternant des phases de ponte et d'hibernation ». Un événement lent et durable comme le volcanisme aurait pu aussi sélectionner les lignées les plus prolifiques et les plus résistantes au froid. Cependant, avec Robert Rocchia, nous croyons de plus en plus à la vision pragmatique de Jean-Michel Mazin : « Un refroidissement prolongé pendant plusieurs millions d'années semble avoir affecté la plupart des espèces. Les catastrophes volcaniques n'ont pu que l'aggraver. Puis l'impact d'un astéroïde ou d'une comète pourrait bien avoir donné le coup de grâce aux plus rares et aux plus affaiblis. » Harcelés d'arguments, même Louis David et Léonard Ginsburg en viennent à admettre cette combinaison de causes lentes et brutales. Comme la Révolution française, l'extinction des dinosaures et des ammonites ne saurait s'expliquer par une raison unique. Le plus urgent est d'empêcher les extinctions d'aujourd'hui. Certes, des astrophysiciens se font fort de détourner demain les bolides qui fonceraient vers la Terre. Mais les mammouths, les lions à dents de sabre de la préhistoire ont péri il y a plus de dix mille ans, à cause du climat, mais surtout d'un ennemi acharné et armé d'autres projectiles : l'Homo sapiens ! Ce vandale a exterminé en vingt à trente ans les dodos de l'île Maurice et les lamantins géants du détroit de Béring, demain peut-être les baleines. On estime à 1 million le nombre d'espèces (insectes compris) qui s'éteindront dans les vingt-cinq prochaines années : une tous les quarts d'heure... Destruction des habitats (forêts, marécages) et pollution sont les Némésis du XXe siècle. En France, la forêt du Midi brûle. Sur la montagne de la Sainte-Victoire, un cimetière de plantes et de bêtes contemple désormais les oeufs de dinosaures. En Provence, les principales victimes du feu ont été les dernières tortues de Herman, une espèce qui vivait au siècle dernier un peu partout de l'Atlantique à la Méditerranée. Après les incendies des Maures et de l'Estérel, quelques centaines ont trouvé refuge chez Bernard Devaud, au « village des tortues » de Gonfaron, dans le Var. On y soigne les brûlées, on y répare les carapaces brisées par les voitures ou les tondeuses. Chaque mère creuse une tranchée dans l'argile et pond entre six et douze oufs, puis referme le nid. Les petits sont ensuite relâchés dans les dernières forêts vertes et tranquilles. Comme dans les autres écloseries de tortues, mais aussi de crocodiles, on observe que si la température baisse ou monte de quelques degrés seules des femelles ou seuls des mâles éclosent. C'est la thermorégulation du sexe, un phénomène démontré par le généticien français Claude Pieau. A en croire les spécialistes des reptiles, les dinosaures pourraient bien, eux aussi, à cause d'un petit coup de froid, s'être retrouvés condamnés à l'homosexualité.

Maurice Soutif
Photos de Jonathan Blair



Espagne, les falaises de Zumaya
Espagne, les falaises de Zumaya

En Espagne, dans les falaises de Zumaya, des dizaines de géologues scrutent la couche KT (crétacé tertiaire) correspondant à la date d'extinction des dinosaures et ammonites : un important excès d'iridium, métal d'origine cosmique, pourrait y témoigner de l'impact d'un objet extra-terrestre ou d'un phénomène volcanolique.
Georges Meyer et Robert Rocchia
Georges Meyer et Robert Rocchia

Dans la région parisienne, les Français Georges Meyer et Robert Rocchia travaillent à Saclay sur ces 2 hypothèses : Meyer (à gauche), qui tient un échantillon de la couche KT, a trouvé de l'iridium dans les gaz du volcan réunionnais de la Fournaise (à l'arrière-plan); Rocchia, qui présente un morceau de météorite, observe que la couche KT recèle les mêmes "signatures" chimiques que les matériaux cosmiques.
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Poussière de la couche KT vue au microscope à balayage

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Des grains de quartz "choqués" trouvés dans la même couche (KT) révèlent au microscope polarisant les traces d'un impact


Squelette d'un placerias
Squelette d'un placerias

Lystrosaurus (dessin)
Lystrosaurus (dessin)

Aux Etats-Unis, dans le parc national de la Forêt pétrifiée (arizona), le moulage du squelette d'un placerias a été replacé parmi les troncs d'arbre fossilisés datant du permien (280 à 230 millions d'années). Cependant, ce reptile mammalien herbivore a survécu à la plus grande extinction massive de tous les temps. De la taille d'une vache, il était herbivore, de même que son prôche parent et contemporain, le lystrosaurus (dessin). Tous deux se nourrissaient sans doute de plantes primitives dépourvues de fleurs : les cryptogames. Les plantes à fleurs ou phanérogames ne sont apparues que plus de cent millions d'années plus tard. Dérivant de quelques lignées préservées des plus petits reptiles mammaliens, les premiers mammifères apparaîtront au Trias (240 à 200 millions d'années), peu après les dinosaures.






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Ainsi s'eteignent les especes - Calendrier des disparus
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Ainsi s'eteignent les especes - Cape d'apparat du chef hawaiien Kilawa'o
Ainsi s'eteignent les especes - Cape d'apparat du chef hawaiien Kilawa'o.jpg
Ainsi s'eteignent les especes - David Raup et John Sepkovski
Ainsi s'eteignent les especes - David Raup et John Sepkovski.jpg
Ainsi s'eteignent les especes - David Ward et des stromatolites sous eclairage UV
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Ainsi s'eteignent les especes - Espagne, les falaises de Zumaya
Ainsi s'eteignent les especes - Espagne, les falaises de Zumaya.jpg
Ainsi s'eteignent les especes - Evolution possible vers un humanoides a peau de lezard
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Ainsi s'eteignent les especes - Georges Meyer et Robert Rocchia
Ainsi s'eteignent les especes - Georges Meyer et Robert Rocchia.jpg
Ainsi s'eteignent les especes - Grains de quartz 'choques' vus au microscope polarisant
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Ainsi s'eteignent les especes - Iain Bishop presente une collection d'animaux frappes d'extinction
Ainsi s'eteignent les especes - Iain Bishop presente une collection d'animaux frappes d'extinction.jpg
Ainsi s'eteignent les especes - L'archeologue Jean-Simon Pages et le squelette d'un Ichthyosaurus tenuirostris a bec pointu
Ainsi s'eteignent les especes - L'archeologue Jean-Simon Pages et le squelette d'un Ichthyosaurus tenuirostris a bec pointu.jpg
Ainsi s'eteignent les especes - Le paleobiologiste americain Steven Stanley
Ainsi s'eteignent les especes - Le paleobiologiste americain Steven Stanley.jpg
Ainsi s'eteignent les especes - Lystrosaurus (dessin)
Ainsi s'eteignent les especes - Lystrosaurus (dessin).jpg
Ainsi s'eteignent les especes - Mammouth reconstitue
Ainsi s'eteignent les especes - Mammouth reconstitue.jpg
Ainsi s'eteignent les especes - Mur des ammonites, pres de Digne
Ainsi s'eteignent les especes - Mur des ammonites, pres de Digne.jpg
Ainsi s'eteignent les especes - Nadine Gomez et le reporter de GEO examinent un oeuf de dinosaure
Ainsi s'eteignent les especes - Nadine Gomez et le reporter de GEO examinent un oeuf de dinosaure.jpg
Ainsi s'eteignent les especes - Oiseau 'o'o-'a'a des iles Hawaii
Ainsi s'eteignent les especes - Oiseau 'o'o-'a'a des iles Hawaii.jpg
Ainsi s'eteignent les especes - Paul Coullet nettoie un fossile
Ainsi s'eteignent les especes - Paul Coullet nettoie un fossile.jpg
Ainsi s'eteignent les especes - Phoques malades
Ainsi s'eteignent les especes - Phoques malades.jpg
Ainsi s'eteignent les especes - Phytosaure
Ainsi s'eteignent les especes - Phytosaure.jpg
Ainsi s'eteignent les especes - Poussiere de la couche KT vue au microscope a balayage
Ainsi s'eteignent les especes - Poussiere de la couche KT vue au microscope a balayage.jpg
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