Les catégories de costumes

L'étude des origines et évolutions du costume fait surgir de diverses approches. On considère principalement qu'il existe deux étapes dans son histoire : la première correspond à la période du costume impersonnel, des origines au 14ème siècle. Puis s'ouvre celle du costume dit personnalisé.

À travers 10 000 ans d'histoire humaine, les modalités vestimentaires se réduisent à cinq principaux archétypes :

Le costume drapé : consistant dans l'enroulement d'une peau ou d'une pièce d'étoffe autour du corps (shenti égyptien, pagne, himation grec, paréo tahitien mais aussi sari et suhsis)
Le costume enfilé : fait d'une pièce (de peau ou de tissu) trouée pour permettre le passage de la tête et des épaules (paenula romaine, huque du Moyen Âge, poncho mexicain, sac poubelle)
Le costume cousu et fermé : avec plusieurs pièces d'étoffe assemblées et comportant des manches (chiton grec, tunique ionienne, gandourah, blouses et chemise)
Le costume cousu et ouvert : avec plusieurs pièces d'étoffe assemblées dans le sens de la longueur, croisé sur le devant et superposé à d'autres vêtements (caftan asiatique, redingote européenne)
Le costume fourreau : ajusté près du corps (moulant), surtout aux jambes, ancêtre du pantalon et pièce de costume typique des cavaliers et des nomades, jamais porté seul et composant un binôme avec le caftan qui lui est complémentaire.

Ces catégories vestimentaires ont été inventés dans différentes régions du monde et disposent donc d'origines géographiques et culturelles très diverses. Ils reflètent les valeurs, croyances, mours, gouts et besoins des nations et ethnies qui les ont créés. S'ils ont pu se voir mélangé au cours du temps, ils ne se sont pas toutefois pas toujours succédé chronologiquement.

L'origine du costume

Deux points de vues s'opposent pour déterminer si le costume précède ou non l'habillement (entendu comme port de vêtements adapté leur utilités).
Une première vision considère que ce sont des motifs d'ordre essentiellement pratique qui ont conduit les premiers humains à s'habiller : les grecs anciens et les chinois, pour ne citer qu'eux auraient prioritairement cherché à se protéger du climat.
Une seconde théorie privilégie des raisons psychologiques et symboliques. On la aussi bien dans des textes sacrés comme la Bible - où les costumes ont vocation à permettre le respect de la pudeur des individus - que dans les travaux d'anthropologues qui s'intéressent aux tabous et à la magie.
L'exemple des peuplades habitant la Terre de Feu, zone située à l'extrême sud du continent américain et au climat sub-arctique, semble donner raison tant à la Bible qu'aux chercheurs modernes. Nomades, elles disposaient en effet d'habitations précaires ne leur permettant pas de lutter aisément contre l'humidité. Pour cette raison, elles vivaient nues et enduits d'huile et de graisse de phoque, ce qui leur permettait de sécher près du feu en quelques minutes seulement, alors que cela aurait nécessité largement plus de temps pour des vêtements.
Surement que les deux raisons évoquées ici ont eu autant d'importance et le costume a eu bien d'autres raisons qu'exclusivement utilitaires. Le désir de plaire n'a cependant dû apparaitre qu'assez tardivement. S'habiller, outre aux motivations strictement utilitaires, eut probablement avant tout des raisons d'ordre ethniques et religieux.

Le costume durant la Préhistoire

Les vêtements de cuir ou de fourrure ont surement été les premiers costumes à avoir été portés. Dès le Paléolithique moyen, au Moustérien, le façonnage du cuir est attesté par les analyses tracéologiques des outils de pierre taillée.
Au Paléolithique supérieur, des courants de troc ont pu être mise en évidence pour le silex mais aussi pour l'ambre et les coquillages, témoignant du goût pour la parure. Au Solutréen (-22.000 à -17.000 ans avant JC), les aiguilles primaires à chas en os attestent de techniques de couture élaborées. Le vêtement durant les périodes fraiches du Paléolithique supérieur était peut-être équivalent à celui des Eskimos.
Le climat constitue, encore une fois, un élément majeur dans la compréhension de l'histoire du costume. Les pays chauds et humides offrent ici un exemple singulier : n'étant pas soumis à la nécessité de s'y protéger des intempéries, les hommes y furent globalement plus ornés que vêtus.
Il fallait alors de se protéger d'influences maléfiques (raisons religieuses), d'afficher le statut marital d'une personne ou sa tribu d'origine (raisons sociales), de draguer ou impressionner ses interlocuteurs (raisons symboliques). Si les peaux furent utilisées, ce fut sans doute plus pour servir de cache-sexe que de véritable protection. Ce type de pagne durera pendant des millénaires, pour se décliner en tissu plus tard. Les raisons magiques étaient parmi les plus populaires: porter certaines parures équivaut à appeler un esprit ou un dieu, à s'identifier à un animal et à sa force, à faire écho à un symbole tel qu'un totem du clan.
Egalement dès le commencement, le costume a eu pour but d'exprimer ses sentiments : exprimant à une certaine puissance il sert aussi souvent à exprimer une richesse. La puissance et la richesse se confondant, le costume indique la caste et la fortune, le rang social et le pouvoir.
Le tissage dut apparaître dans les zones tempérées à partir de plantes dès le Néolithique. Les tissus primitifs étaient de petite dimensions. Des bandes étroites étaient cousues ensemble pour créer un vêtement. Avec la progression des métiers à tisser, les pièces de tissus deviendront plus grandes.
La peinture corporelle (comme chez les aborigènes australiens) faisait partie intégrante du costume en tant qu'ornement. Par exemple l'ocre rouge fut très utilisée durant tout le Paléolithique où elle est aussi universelle car la terre rouge est présente dans la plupart des sépultures, un peu moins au Néolithique. Les couleurs utilisées identifiées à partir de l'Aurignacien sont le jaune, le rouge et le mauve qui apparaissent aussi bien en Afrique du nord qu'en Europe septentrionale.
Les peintures utilisés pour les teintures à partir du Néolithique étaient principalement d'origine végétale : les bleus étaient tirées l'aulne ou du sureau, les mauves des myrtilles, le jaune du réséda. Les terres servaient pour les ocres.

Origine des archétypes de costume

Le premier type de vêtement primitif tissé est, rapellons le, le drapé, considéré celui des autochtones, par rapport au vêtement confectionné, considéré un apport des envahisseurs plus évolués et explorateurs. Ce sont là deux caractéristiques opposés du vêtement de tous les temps.

Le costume dans les régions des plaines

Les costumes à Sumer

Il s'agit des régions intérieures de basse altitude de la Mésopotamie avec, en autres, la péninsule Arabique, la Palestine et la Syrie. Le costume des civilisations pré-aryennes les plus vieilles de l'Asie mineure est sans doute celui de Sumer et d'Akkad et fut porté avant le 3ème millénaire du golfe Persique à la Méditerranée. Concrètement c'était un pagne destiné à couvrir les hanches et tombant à mi-jambe, d'abord en peau retournée puis en tissus.
Le pagne-jupon en kaunakès des sumériens, en fourrure ou en tissus à mèches (pour rappeler la fourrure originelle) est un costume masculin (sisi), notamment celui des prêtres ; on le voit apparaitre sur de nombreuses statuettes.
Les hommes portent un grand châle en jupon, dont une partie est ramenée par-dessus l'épaule.
Les femmes portent quant à elles une tunique à manches courtes et par-dessus également un châle drapé en forme de robe dont les franges (unies puis à glands) retombent en suivant l'enroulement autour des formes de leurs corps.
Ce châle se retrouve encore à la mode en inde. Elles portent également un manteau en kaunakès. Elles sont coiffées en chignon ; quelques statuettes donnent l'impression que certaines portent des coiffures postiches.
Les peaux continuent à être portées par les deux sexes.

Les costumes en Assyrie

Les Akkadiens, peuple sémite différent des Sumériens et ayant un autre langage, copient effrontément le costume primitif sumérien qu'ils enrichissent. Globalement, le costume assyro-babylonien connait une évolution (les étoffes sont richement décorées et colorées) mais d'un point de vue visuel cela ne change pas énormément de chose. Les coiffures masculines sont cependant plus élaborées, les cheveux sont portés longs et frisés au fer ainsi que la barbe en ondes régulières.
Le goût de la mode est manifeste, les bijoux, nombreux, s'alourdissent, pendants d'oreilles, colliers à plusieurs rangs composés d'amulettes, sont portés par les deux sexes.
Tout le monde est chaussé de sandales laissant le dessus du pied totalement découvert, lacé à la cheville, le gros orteil passant dans un anneau. La chaussure fermée fait son apparition, introduite par les populations des montagnes après plusieurs pertes d'orteils douloureuses.
Vers -1200 av JC, une loi assyrienne ordonne aux femmes mariées de sortir voilées.

Les femmes mariées [.] qui sortent dans la rue n'auront pas leur tête découverte. Les filles d'hommes libres seront voilées. La concubine qui va dans les rues avec sa maîtresse sera voilée. La prostituée ne sera pas voilée, sa tête sera découverte. Qui voit une prostituée voilée l'arrêtera [.]. Les femmes esclaves ne sont pas voilées et qui voit une esclave voilée l'arrêtera.

Loi assyrienne, attribuée au roi Téglath Phalazar 1er (1112-1047 av. J.-C.). Tablette A 40.
Cité par Odon Vallet, Le Dieu du croissant fertile, Découvertes Gallimard, Paris, 1999.

Au 3ème millénaire, la suprématie de la civilisation sumérienne formée depuis plusieurs siècles déjà voit rayonner sa culture et son mode vestimentaire jusqu'en Asie mineure et en Syrie, face à Chypre, et de là dans les Cyclades. Plus au sud jusqu'à Byblos, l'influence des habits sumériens est incontestable.

Le costume des régions côtières

D'altitude diverses, il s'agit surtout des régions de la Méditerranée orientale et des bords de la mer Noire, mais pas seulement. Avec le début de l'invasion dorienne et des migrations qu'elle engendre les colonies ioniennes forment un groupe puissant et uni. Le costume des populations du bord de mer Noire jusqu'à l'Oronte semble dans un premier temps ne pas avoir été très différent du costume sumérien dans sa version montagnarde apportée par les Hittites telles que les manches longues des pasteurs.

Les costumes en Ionie

De - 1300 à - 1700, la région culturelle composée de Troie, la Phrygie et la Carie, bien que portant un habillement typique des grecs, adopte surtout les usages vestimentaires orientaux originaires de Mésopotamie. Ceci était facilité par une plus grande liberté des femmes d'Asie. Les ioniennes partagent la vie des hommes et dinent également avec les hommes. Celles-ci ne sont pas voilées, et celles des classes les plus riches portent des tuniques d'étoffe de chanvre rose et transparente, brodée d'or. Le pourpre est très cher et très recherchée au point que les phéniciens iront chercher plus à l'ouest et au delà des colonnes d'Hercule la précieuse teinture dont ils n'ont jamais assez. C'est en Ionie que les grecs prennent l'habitude de plisser leurs vêtements. D'après ce que nous en savons, la mode ionienne fut superbe, montrant 'une société connaissant une certaine richesse'.
Les hommes portent la tunique courte de lin. Celle-ci est un sous-vêtement, fermé sur un côté par une couture. Les Phéniciens suivirent toutes les modes et toutes les influences rencontrées ; ce fut eux qui ont fait adopter cette tunique, dont ils furent clairement les inventeurs, aux Cariens. Elle a fait fureur dans toute l'Asie Mineure. Elle sera longue pour le fêtes : c'est le khiton des grecs, repris de kitoneh, mot sémite désignant le lin en araméen. Homère put donc parler des Ioniens « traînant leur tunique ». Les femmes portaient aussi cette tunique dans sa version longue, s'agrafant d'un côté par une fibule, semblable à ce que portaient encore souvent les femmes berbères dans la première moitié du XXe siècle.

Les costumes en Syrie, Palestine et Phénicie

Pendant le 3ème millénaire, le costume de ces populations s'apparente à celui de Sumer et à son grand châle drapé. Il durera jusqu'au Ier millénaire et le manteau des Israélites en est dérivé. En Syrie et surtout en Phénicie, il est de multiples couleurs bleues et rouges, décoré de fleurs et autres plantes. À partir du second millénaire, le jupon-pagne s'inspire du costume égéen, mais aussi du shenti égyptien, sorte de cache-sexe croisé et relevé sur le devant (sexy !). Le premier, brodé de fils multicolores, descend jusqu'aux genoux et est drapé aux hanches formant ceinture, le second est de léger tissu blanc. La coiffe des hommes est un turban mésopotamien ou également calotte sumérienne.
Le vêtement féminin par défaut reste durant 2000 ans le grand châle drapé, ample et plissé à l'égyptienne record historique de mode. Les femmes portent une coiffe, sorte de tiare cylindrique d'où part un long voile enveloppant réservé aux femmes mariées tout de même. Mais, aux alentours de -1400 à - 1200, elles changent de style pour porter un habit inspiré du costume crétois. On sait que les Crétois s'installaient en Syrie pour commercer et par la même occasion propageaient les modes égéennes. Cette époque tombe en même temps que l'apogée de la civilisation crétoise et ses modes sont portées tant dans les Cyclades qu'à Chypre. Elles furent par la suite adoptées par les phéniciennes, s'habillant comme les élégantes de Cnossos.

Le costume Hébreux

Le costume hébreu est assez rigide, surement à cause de leurs pérégrinations qui font s'allonger plus longtemps leur costume dérivé du châle sumérien. La Bible ne donne presque pas de détails sur cela et on n'a pas de renseignements sur leur costume à la période de l'entrée en Canaan. Leur religion interdit toute représentation humaine, c'est plus l'iconographie des peuples qu'ils ont côtoyés et qui les ont représentés qui nous informe. À la fin de l'ère du bronze, (correspondant à la 18ème et 19ème dynastie du Nouvel Empire égyptien), ils se vêtissent de grands châles enroulés plusieurs fois autour du corps et retenu par une sorte de ceinture, découverte récente introduite en Mésopotamie par les hittites.
Les femmes, vers -700 à -680, portent la tunique unie et longue et un long voile les vêtissant ainsi jusqu'aux pieds. Il semble pourtant qu'elles aient eu le visage découvert, avec un ruban dans les cheveux. C'est ainsi qu'elles apparaissent sur les bas-reliefs de la prise de Lakish par Sennachérib. Ceci dénote totalement avec ce qu'en dit plus tard Tertullien au IIIe siècle à Carthage où il supplie les chrétiennes à sortir voilées comme les juives.
Le Deutéronome assigne un genre aux vêtements : il interdit formellement aux femmes les vêtements masculins et vice-versa. La Torah interdit quant à lui le plissé transparent égyptien et exècre les modes efféminées égyptiennes. Marc-Alain Descamps résume la façon dont les costumes ont toujours traduits historiquement le sexe des individus : " Tous les peuples de toutes les époques ont utilisé les habits pour indiquer le sexe de celui qui le porte. Les costumes masculins et féminins sont toujours et partout différents, mais la nuance peut porter sur l'ensemble ou sur un détail. Encore faut-il savoir que ce qui peut paraître un détail pour des étrangers peut constituer l'essentiel à l'intérieur du groupe. C'est donc comme cela que dans l'antiquité les Grecs et les Romains portaient tous des toges, mais le plissé n'était pas strictement le même pour les hommes et les femmes (ni les tissus, les couleurs, les formes et les noms). Même pour les costumes musulmans traditionnels. Mais il y en forcément toujours au moins une pour se démarquer. L'unisexe n'a jamais été adopté et même dans l'unisexe les vêtements des femmes ont toujours les boutonnières à gauche et ceux des hommes à droite. Avec l'uniformisation des rôles masculins et féminins dans nos sociétés, les différences, qui étaient extrêmement prononcés en 1900, ont tendance à diminuer et les femmes ont pu accéder au droit de porter des pantalons.
Certaines recommandations bibliques en matière de vêtements recommandent les franges et un cordon bleu aux pans des vêtements. Les juifs y préfèrent tout de même le costume grec, portant le khiton et l'himation, mais avec des pompons aux angles.

Source Wikipédia

Antiquité
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13ème siècle
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Renaissance
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16-17ème siècle
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18ème siècle
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19ème siècle
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20ème siècle
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